Les densovirus, de petits virus entomopathogènes, agents potentiels de biocontrôle des insectes ravageurs et vecteurs de maladies
Résumé
La gestion des populations d’insectes est un défi de taille pour la santé, mais également pour l'agriculture, celle-ci devant répondre à une demande mondiale croissante en nourriture tout en limitant son impact écologique. Les virus pathogènes d’insectes représentent une alternative aux insecticides chimiques pour contrôler les populations d'insectes vecteurs de maladies ou ravageurs de cultures. Cette piste a cependant été relativement peu explorée et nos connaissances sur la diversité des virus d’insectes, la pathogenèse virale et les mécanismes de spécificité d'hôtes et d'évolution de ces virus restent à ce jour limitées. Parmi les virus entomopathogènes, les densovirus (DV) représentent des candidats prometteurs. Ils remplissent, en effet, les critères requis pour un agent de biocontrôle efficace, notamment leur infectiosité par voie orale et leur spécificité vis-à-vis de leurs hôtes insectes. Ces petits virus, appartenant à la famille des Parvoviridae, sont constitués d’une capside icosaédrique d’une vingtaine de nanomètres seulement, renfermant un génome ADN linéaire et simple brin de 4 à 6 kb. Ils ont notamment été décrits, avec une pathogénicité variable, dans les principaux groupes d’insectes d’importance agronomique, médicale et vétérinaire : lépidoptères (chenille/papillon), hémiptères (pucerons) et diptères (moustiques). La principale voie d’infection décrite pour les densovirus est alimentaire, voie par laquelle les virus se trouvent confrontés initialement à la barrière intestinale, indispensable à franchir pour initier l’invasion de l'hôte. La transmission verticale a également été décrite, pour les densovirus de moustiques. Cette exposé présentera une revue des connaissances actuelles sur les densovirus infectant les insectes et se focalisera sur des travaux récents illustrant certains aspects fondamentaux à étudier dans l'objectif d'une utilisation de ces virus pour le biocontrôle des insectes dits « nuisibles », à savoir leur prévalence, diversité, spécificité, pathogenèse et modes de transmission chez un lépidoptère ravageur de cultures et chez les moustiques vecteurs Culex pipiens et Aedes albopictus.