Émergence, compétition et colonisation bactérienne dans l’eau de fauteuils dentaires .
Résumé
Les bactéries du genre Achromobacter sont considérées comme pathogènes émergents. En effet, elles
sont de plus en plus retrouvées en clinique, particulièrement dans les voies respiratoires de patients
atteint de mucoviscidose qu’elles peuvent coloniser de façon chronique. Leur niche écologique n’est
pas clairement définie mais elles sont retrouvées dans l’eau, les sols pollués et les plantes. Nous
décrivons dans notre étude une persistance de bactéries du genre Achromobacter sp. ainsi que
Pseudomonas aeruginosa dans l’eau des fauteuils et du réseau d’un centre de soins dentaire (CSD).
Nous avons étudié la dynamique de colonisation d’Achromobacter sp. (17 souches) de P. aeruginosa
(68 souches) présents dans l’eau de 66 fauteuils organisés en série et dans le réseau d’un CSD. Ces
souches isolées pendant 2 ans ont été étudié par PCR sur séquences répétées, RFLP en électrophorèse
en champ pulsé, analyse génétique multilocus, étude de résistance aux antiseptiques et de formation de
biofilm.
Au cours de cette étude, 2 clones d’Achromobacter sp. (100% des isolats) et un clone majoritaire de P.
aeruginosa (87% des isolats) ont présenté un potentiel invasif particulier. Des phases successives
d’invasion des 2 espèces et des génotypes en relation avec les mesures correctives de décontamination
laissent suggérer des phénomènes de sélection et d’inhibition compétitive. Les 2 clones
d’Achromobacter appartenant à une espèce non décrite étaient les plus persistants de l’étude et
permettaient peut être d’empêcher l’implantation de P. aeruginosa. En effet, après chaque
décontamination visant à supprimer Achromobacter survenait P. aeruginosa. Une restructuration du
réseau d’eau du CSD a été nécessaire pour enrayer la contamination de l’eau.
Certains clones bactériens semblent avoir une capacité d’implantation et/ou de persistance accrue dans
des niches technologiques et empêchent peut être l’implantation d’autres clones plus pathogènes. Une
étude de compétition permettrait de mieux caractériser ces clones.