Racismes et religions à l’école, paniques institutionnelles ? Ce que révèle une politique publique de mélange des publics scolaires
Résumé
Nous analysons une politique publique totalement expérimentale et controversée qui est la politique de mixité sociale à l’école, visant à mixer
ethno-socialement les publics, l’objectif étant de gagner en diversité dans les collèges ségrégués, et donc en justice sociale pour l’accès au bien
scolaire. En 2016, Le Ministère de l’Éducation nationale a annoncé une série d’expérimentations en ce sens dans une vingtaine de départements.
Sur notre terrain, dans une ville moyenne, la mise en œuvre de cette politique, annoncée pour la rentrée 2018, engage, dans sa préparation et sa
communication, plusieurs échelons, et couleurs politiques différentes : État, collectivités, parents (via las fédérations, mais pas seulement). Toute
la carte scolaire est retouchée, un établissement fermé, des populations déplacées…
L’annonce de ce projet agit comme un révélateur dans la ville, déclenchant des paniques institutionnelles, mais également des réactions négatives
et des discours privés et publics, justifiant parfois la séparation socio-ethnique, en appui sur une « différence » des publics musulmans, sur fond
post-colonial mettant en présence des religions différentes. En effet, nous montrerons comment, face à une mixité présentée, bon gré mal gré,
par les représentants des institutions comme une valeur contre les “ghettos” et pour le vivre ensemble, les transgressions à la norme du non
racisme se font jour de façon quelquefois violente et touchent tous les milieux sociaux et professionnels, sous des formes diverses.