Maladies infectieuses émergentes : le cas de l’épidémie de chikungunya dans l’Océan indien (2005-2006)
Résumé
Factors known to trigger the emergence or re-emergence of infectious diseases include globalisation, population growth, migration, international trade, urbanisation, forest destruction, climate change, loss of biodiversity, poverty, famine and war. Epidemics not only lead to disastrous loss of human life but may also have catastrophic economic, political and social consequences. Outbreaks may rapidly jeopardize industry, trade or tourism in countries that are unprepared. Dengue is currently spreading throughout the tropics, while another arbovirus, chikungunya, infected 30 to 75 % of the population in some parts of the Indian Ocean region between 2005 and 2006. Chikungunya is now spreading through India, where more than a million people have so far been infected. This viral disease can cause lasting disability, and the first deaths were recently reported in La Réunion and Mayotte. All countries are at risk from emerging or re-emerging diseases, but the consequences are far worse in poor countries. Microbial pathogens and wild mammals, birds and arthropods do not respect man-made borders. There is still time to act against this threat of emerging and re-emerging infectious diseases, through prevention, anticipation, monitoring and research.
La mondialisation, la pression démographique, l’accroissement irréversible de la mobilité, des échanges commerciaux, de l’urbanisation, de la déforestation, les changements climatiques, l’érosion de la biodiversité, les conditions de vie extrêmes (pauvreté, famine, guerre) sont autant de facteurs qui favorisent l’éclosion d’épidémies de maladies infectieuses émergentes ou ré-émergentes, tout particulièrement les zoonoses. Les conséquences s’avèrent souvent imprévisibles et dévastatrices, sur les plans humain d’abord, mais aussi économique, politique et social. Ces épidémies peuvent en effet déstabiliser en l’espace de quelques mois les économies et le tissu industriel, commercial ou touristique de nations qui n’y sont pas préparées. Parallèlement à la dengue et à sa forme hémorragique qui progressent de manière inexorable dans les zones intertropicales, émerge une autre arbovirose, le chikungunya, dont le déferlement récent sur l’ensemble des îles de l’océan indien (entre 30 et 75 % de la population des îles atteintes en 2005 et 2006) gagne le continent indien avec plusieurs centaines de milliers, voire de millions de personnes atteintes. Ces personnes connaissent des séquelles invalidantes, des arrêts de travail prolongés et des complications parfois graves récemment reconnues à La Réunion et à Mayotte. Si aucune nation n’est à l’abri de tels événements, les conséquences de l’émergence d’une épidémie infectieuse sont éthiquement d’autant plus inacceptables qu’elles frappent souvent les pays les plus pauvres du globe. Les virus, les bactéries, la faune sauvage et les moustiques vecteurs ne connaissent pas les frontières. Proposer la mise en place de véritables boucliers sanitaires n’est pas seulement un acte de nécessaire solidarité et d’urgence humanitaire, mais est aussi contribuer à un développement durable et équitable pour l’ensemble de la population mondiale.