, vivant en Lozère en 2011) combien les goûts musicaux témoignaient à la fois d'une identification significative à certaines propriétés sociologiques (les jeunes garçons populaires amateurs de rap ; les vieilles filles bourgeoises amatrices de classique), et à la fois de combinaisons très variables en fonction des expériences individuelles (les jeunes amateurs et de métal et de baroque à la fois, C'est en matière de musique que nous disposons du plus grand nombre de données d'enquêtes. Ainsi, nous avons pu montrer, dans des recherches antérieures (les publics des festivals en, vol.en, pp.2010-2011

, En analysant les réponses au sujet de la musique, c'est dans ce domaine que nous obtenons le plus de réponses « autres », qui visent à spécifier le genre proposé (exemple : le rock), considéré comme trop vague. C'est aussi dans ce domaine que nous avons le plus grand nombre de profils différents, une fois que notre analyse des données a opéré son traitement

, Cette moyenne des goûts musicaux nous sert d' « étalon ». Nous savons quelles sont les caractéristiques moyennes de cet étalon, au sujet de l'âge, du sexe, de l'appartenance sociale, etc. Ce sont ces données qui vont maintenant varier en fonction des modulations de la palette de goût

, Tous juste est--il plus réticent encore à l'égard de l'électro et du rap, et un peu plus favorable au jazz. Il est légèrement plus âgé que la moyenne (48 ans et demie), mais présente, en dehors de cela, les mêmes caractéristiques que la moyenne en ce qui concerne l'intensité des pratiques culturelles, le rapport homme/femme, l'appartenance sociale, etc. C'est donc le signe que l'expression des goûts musicaux n'est pas le fait de simples préférences individuelles, aléatoires, mais identifient des sensibilités qui ont un sens sociologique

, Il s'écarte du goût moyen en ce qu'il déprécie nettement les genres les plus modernes, en valorisant la musique classique, la chanson, les musiques du monde. Nous sommes ici en présence d'un public plus âgé (56 ans), qui lit davantage mais pratique un peu moins les sorties culturelles. Plus féminin (72%) et davantage présent dans le festival du film documentaire, c'est une partie du public plus proche de la classe moyenne et moins diplômée. Nous sommes donc en présence de la fraction la plus classique du public, logiquement plus fidèle que la moyenne : 58% de spectateurs sont, Ce profil représente 13% de l'échantillon

, Ce nouveau profil représente 18% de l'échantillon

. Il-valorise-nettement-le-rap and . Le-hip--hop, Sa moyenne d'âge est de 37%, et son niveau de pratiques culturelles est globalement moins élevé que la moyenne, qu'il s'agisse de lecture ou de sortie. Pas nécessairement plus nouveau, c'est un public que l'on trouve massivement dans le festival de conte, et très peu dans celui du film. Plus féminin (70%) et populaire (29%) que la moyenne, c'est un public légèrement moins diplômé aussi, Graphique : les « Variétés

. Le and . Variétés-»-représente-6%-de-l'échantillon, Un peu plus âgé que la moyenne (48,7 ans), il a de moindres pratiques culturelles dans tous les domaines sauf le livre. Sa présence dans chacun des festivals est équilibrée, et il est à la fois plus féminin (72%), moins diplômé et plus souvent membre de la classe moyenne (48%). L'expression de ce goût pour des musiques populaires et du monde qui excluent leur expression la plus contemporaine, d'un côté, et la musique classique

. Le-profil-de-goût-«électro, Il privilégie les musiques électroniques et se situe dans la moyenne pour les autres goûts. Plus jeune (40 ans), c'est un profil qui a un niveau de pratiques culturelles exactement situé dans la moyenne. C'est un public un peu plus souvent nouveau en, pèse 18% de l'échantillon, 2011.

, Voici donc le découpage en 4 pôles : le premier avec les comédies, les films d'aventure et les documentaires ; le deuxième avec les policiers, les drames et films d'animation ; le troisième la science--fiction, les comédies musicales

, Un peu plus jeune que la moyenne (43,5 ans) -et sans doute la légère appréciation des films d'horreur y est--elle pour quelque chose - et un peu moins lecteur, il présente pour le reste des pratiques culturelles un profil moyen, Le premier profil correspond assez bien à la moyenne des goûts de l'échantillon global

, Aucun des chiffres n'est cependant très éloigné des scores moyens. Graphique : Un « certain goût pour l'horreur

, Il est également un peu plus masculin que la moyenne (41,2 ans), mais n'a pas un niveau de diplôme très élevé, sans doute en raison de l'âge d'une partie de ce profil, et il est d'extraction plus populaire que la moyenne (33% de classe populaire). C'est donc un profil assez contre--intuitifs sur certains points, Ce profil se détache assez nettement des moyennes, en privilégiant deux genres moins appréciés par le plus grand nombre : la science fiction et l'horreur, surtout

C. , valorise les drames et les films policiers, qui sont déjà des genres appréciés en moyenne. Il pèse 15% de l'échantillon. Plus âgé que la moyenne (50 ans), ses pratiques culturelles sont assez conformes à la moyenne. Un peu plus souvent habitué, et inscrit en bibliothèque (66,5%), c'est un profil féminin (71%), très diplômé (55% de bac +3 et plus), et moins populaire (14%) que la moyenne, Graphique : Les « Science fiction

, Il s'agit donc, comme pour l'horreur dans un cas précédent, d'un profil moyen avec une seule exception de genre préféré. C'est un profil d'âge moyen (45 ans), avec un niveau de pratiques culturelles plutôt plus faible que la moyenne, notamment en matière de lecture. Un peu moins habitué, plus masculin que la moyenne (45%), et diplômé (50% de bac +3 et plus), c'est, Ce dernier profil représente 20% de l'échantillon, et valorise presque exclusivement la science fiction, sans trop déprécier les autres genres

. ***,

, Si les préférences sont assez marquées, avec des amplitudes assez grandes entre goûts et rejets, les données sociologiques auxquelles elles correspondent sont par contre plus proches de la moyenne. La raison en est sans doute que l'expression d'une préférence en matière de cinéma est moins évidente qu'en matière de musique : l'identification est encore moins aisée entre un genre et une caractéristique sociale, en dehors de certains extrêmes, L'impression qui ressort de l'expression des goûts cinématographiques est donc assez différente de celle qui touche à la musique

, bande dessinée et conte constituent le deuxième, celui d'une appréciation globalement bonne. Les guides pratiques, les essais et la science fiction sont moins goûtés, même si l'on ne peut pas vraiment parler de rejet à leur sujet. Voici un graphique qui rappelle cette moyenne des goûts littéraires. La moyenne des goûts littéraires Graphique : Le goût littéraire moyen Voici un premier profil qui colle pour l'essentiel à la moyenne des goûts, à l'exception d'une légère dépréciation du roman, Les goûts littéraires sont également structurés en trois pôles : le roman pour le goût majeur et consensuel ; les magazines, journaux, romans policiers, p.43

. Logiquement, est un profil qui épouse la plupart des scores moyens : âge Seconde variation autour de la moyenne, ce profil représente 17% de l'échantillon. Il épouse les préférences du précédent pour les ouvrages historiques et essais, mais s'en écarte en valorisant (certes assez modestement) les romans, policiers ou non. C'est un profil un peu plus âgé que la moyenne, aux pratiques culturelles assez intensives, Ce profil est très féminin (78%), diplômé (55% de Bac +3 et plus) et membre des classes supérieures (43%)

, Graphique : le « goût de la Fiction

. Le-«-goût-de-la-fiction, On le trouve plus souvent dans le public du conte. Il est le plus jeune des profils (39 ans), mais n'est pas le moins cultivé : ses pratiques culturelles sont plus intensives que la moyenne, même si son niveau de diplôme est un peu en retrait (43% de bac +3 et plus), est un profil qui réunit 15% de l'échantillon, et valorise toutes les oeuvres de fiction (à l'exception des contes), en dépréciant tous les autres

, Ses préférences s'orientent vers des goûts qu'on considère souvent comme classiques (roman, ouvrages historiques), assortis du goût pour le conte. C'est un profil âgé, dont les pratiques culturelles sont en retrait de la moyenne, et qu'on retrouve plus souvent dans le conte. C'est donc, dans le public de ce festival, le pendant âgé du précédent. Moins souvent inscrit en bibliothèque, Ce nouveau profil est plus confidentiel. Il regroupe 5% de l'échantillon

, Graphique : Les amateurs de presse

, Tous les autres genres sont dépréciés, plus ou moins. C'est un profil d'âge moyen, mais dont les pratiques culturelles sont très nettement en retrait. Son volume de lecture est ainsi inférieur à la moyenne de 30%. C'est un public massivement nouveau (78%), équitablement réparti entre publics du film ou du conte, et moins souvent inscrit en bibliothèque que la moyenne. Il est également le plus masculin (50%), peu diplômé (29% de bac +3 et plus), Ce dernier profil littéraire regroupe également 5% de l'échantillon. Il est remarquable par son double goût pour la presse et pour les romans, policiers ou non

. ***, Le groupe central, avec ses deux variations (du côté savant, du côté de la fiction), occupe déjà 66% de l'échantillon ! Il y a donc un accord général autour d'une hiérarchie peu discriminante. Les profils qui s'écartent de ce relatif consensus sont à la fois très typiques dans leurs palettes, sans toujours confirmer les leçons sociologiques que l'on a l'habitude d'entendre. Si le profil qui valorise le plus la presse est en même temps le plus masculin (résultat attendu), si la palette la plus classique renvoie à un profil plus âgé -- ce qui est également sans surprise -certains constats sont moins banals. Ainsi le profil qui penche le plus vers la fiction est--il à la fois plus jeune et plus masculin que la moyenne. Sans doute ce constat renforce -t--il notre conviction que l'observation statistique d'échelle très élevée (comme l'est une échantillon représentatif de la population française) peut masquer certaines singularités liées à des territoires, Pour conclure sur les goûts littéraires, on peut tirer trois enseignements. Le premier est qu'il est difficile de distinguer des palettes de goûts très clivées

, marque l'expression de la moyenne, que l'on peut voir dans le premier graphique ci--dessous. Ce n'est pas un constat nouveau. Nous l'avons également fait lors d'une étude sur le département de la Lozère, en cours de publication. Tout au plus pouvons--nous indiquer que le profil dominant s'oriente plus volontiers vers les genres les plus contemporains, et tend à moins goûter les plus classiques d'entre eux, en matière de danses, de théâtre ou d'opéra. Mais on peut cependant distinguer des profils, à partir de cette moyenne, En matière de spectacle vivant, nous avons indiqué la difficulté à identifier de réels pôles de préférences, tant l'image d'un continuum assez resserré de goûts, et l'absence de réel dégoût

. C'est-un-goût-moyen-qui-représente-24%-de-l'échantillon, En toute logique, il présente des indicateurs tous très proches de la moyenne, qu'il s'agisse de l'âge (46 ans) des pratiques culturelles, du renouvellement de public, de l'appartenance sociale ou des diplômes

, Graphique : La Variante contemporaine

, Il accentue sa préférence pour le spectacle contemporain, notamment en danse et en théâtre, sans fortement dévaloriser les autres. C'est un profil qui regroupe 15% de l'échantillon. Il est plus âgé que la moyenne (49 ans), et ses pratiques culturelles sont intensives sur tous les plans. C'est un public un peu plus fréquent dans le festival de conte, où il est plus souvent habitué que nouveau, Plus féminin (71%) et diplômé (54% de bac +3 et plus), il est moins populaire que la moyenne

, Graphique : La Variante populaire

. Dans, on valorise essentiellement le boulevard et les one man show, deux genre qui sont considérés comme parmi les plus populaires de ceux proposés ici. Son âge (44 ans) et ses pratiques culturelles le font se conformer à la moyenne de l'échantillon, sans surprise. Y verra t--on le signe d'une appartenance plus populaire ? C'est un public plus fréquent du conte, plus habitué, plus masculin (48%), plus diplômé (53% de bac +3 et plus) et ? plus souvent membre de la classe supérieure (43%) ! Il s'agit donc d'une variation d'un profil moyen, où la composante plus masculine peut orienter certains goûts vers les genres plus populaires, sans être soi--même membre de la classe populaire, Cette dissonance entre valorisation (relative) de goûts et identité sociologique est en soi intéressante? Graphique : La réticence à la danse

C. , Il se caractérise par une dépréciation systématique de toute forme de danse, et la valorisation symétrique du théâtre, mais surtout des autres formes comme le cirque, les marionnettes ou les spectacles qui mélangent un peu tout. C'est un profil plus jeune (40 ans), dont les pratiques culturelles sont dans la moyenne, à l'exception de la lecture, très supérieure à la moyenne

, mais nous l'avons retenu parce qu'il exprime une orientation singulière, où le théâtre classique et l'opéra - et le théâtre contemporain dans une moindre mesure -survolent les autres goûts, le plus souvent assez dépréciés. Logiquement, on y retrouve un public plus âgé, aux pratiques culturelles intenses, plus souvent habitué (63%), et plus souvent inscrit en bibliothèque (61%). C'est un public plus féminin (73%), mais moins diplômé (35% de bac +3 et plus), et légèrement plus ? populaire que la moyenne (33%) ! On se gardera cependant de sur--interpréter de tels résultats, Ce dernier profil est très minoritaire (2% de l'échantillon)

, Mais à sa manière, il nous indique que la loi de correspondance entre goûts et identité sociale est plus tendancielle qu'automatique

. ***,

, Sans doute y a--t--il une difficulté à exprimer son goût pour un genre de spectacle en soi, et qu'il serait plus commode d'exprimer sa préférence pour tel auteur, ou telle oeuvre, à l'intérieur de chaque genre. C'est ce qui explique l'importance d'une vaste palette centrale, à la quelle s'adjoignent quelques variations secondaires, qui totalisent, ensemble, 59% de l'échantillon. Mais on doit aussi remarquer que, au--delà de ce groupe central, certaines expressions gustatives ne sont pas sans intérêt, car elles confirment certaines dissonances sociologiques : les amateurs de goûts dits « populaires » n'appartiennent CONCLUSION GÉNÉRALE Les ambitions de la Médiathèque Départementale, en organisant ces deux festivals, se situent au croisement d'objectifs de politique publique très distincts. Le premier, que l'on peut qualifier d'intrinsèque, fait des deux événements des instruments au service d'une politique de lecture publique. Le second, que l'on peut qualifier d'extrinsèque, fait des festivals des outils plus généraux d'aménagement culturel du territoire. L'objectif intrinsèque s'inscrit dans une politique sectorielle du Conseil Général, pour laquelle il dispose d'une compétence décentralisée depuis les années 1980. Le second fait partie de ce que, Les leçons que nous pouvons tirer de cette dernière analyse de profils sont assez proches de celles qui affectent les goûts littéraires ou cinématographiques, 2000.

, Initialement, nous n'avions pas l'intention de faire de cette entreprise une étude à portée évaluative. L'essentiel de la commande était en effet plutôt tourné vers la sociologie des publics des festivals en question. C'est chemin faisant qu'il nous a semblé incontournable de traiter l'ensemble du spectre des bibliothèques concernées, de sonder également les partenaires institutionnels et politiques à ce sujet. Ces deux festivals ne sont ni des événements comme les autres, ni développés dans une perspective classique pour une organisation festivalière. C'est pour ces raisons que nous avons développé davantage cette partie, C'est l'ambivalence des objectifs de cette politique qui a nourri nos réflexions

, Sa grande diversité d'équipement, d'encadrement en ressources humaines, en compétences culturelles plaide à la fois pour une offre pilotée à l'échelle du département, et pour une gouvernance partagée des ambitions, priorités et moyens de mise en oeuvre. Ce partage, à même d'inscrire les territoires dans une programmation qui en dépasse systématiquement les bornes, concernerait l'art de choisir un spectacle, depuis les aspects les plus spécifiques des choix artistiques jusqu'à l'engagement concret sur les ressources nécessaires, à tous les niveaux. À certains égards, les crispations, tensions et déceptions que nous avons croisées dans l'enquête auprès des bibliothèques sont à la, Les résultats de cette enquête tendent donc à montrer qu'un réseau de lecture publique peut, à certaines conditions, devenir le support d'une politique d'aménagement culturel du territoire

, Tirer parti d'un réseau de lecture publique pour proposer des représentations scéniques et cinématographiques, ce n'est pas nécessairement au profit des lieux de lecture eux--mêmes qu'il s'agit de le faire. Les finalités de développement du secteur font face à un