Science, fantasme et Homme au sable
Résumé
En 1816 une jeune fille de dix-neuf ans, Mary Shelley, concevait au bord du lac Léman un étrange roman : Frankenstein ou le Prométhée enchaîné. Près de deux siècles plus tard, le développement des biotechnologies confère à cette œuvre, élevée au rang de mythe, une nouvelle signification : la fabrication de l'humain semble prête à quitter le domaine de l'imagination pour entrer dans les faits. Un an avant Frankenstein, en 1815, ce millésime où les historiens s'accordent à faire débuter le XIXe siècle, un autre texte avait abordé le thème de l'homme artificiel : un conte d'Ernst Theodor Amadeus Hoffmann, L'Homme au sable (Der Sandmann). Au seuil de l'époque contemporaine, Mary Shelley comme Hoffmann ont pressenti, chacun à leur manière, les buts ultimes aimantant l'aventure technoscientifique qui s'engageait. Par la suite, cette lucidité s'est perdue. Même si, aujourd'hui, les faits eux-mêmes se chargent de nous éclairer, nous avons du mal, englués que nous sommes dans les péripéties, à en percevoir la portée. Relire L'Homme au sable ce n'est pas, dans la situation qui est la nôtre, faire un exercice savant d'analyse littéraire ; c'est découvrir une vérité essentielle sur le courant qui nous emporte.
Origine | Fichiers produits par l'(les) auteur(s) |
---|