Ces travaux de thèse ont permis de progresser vers une vision d’ensemble de la consommation de substances psychoactives (SPA) et ses conséquences sur la santé des jeunes adultes âgés de 18 à 29 ans en France. Dans un premier temps, nous avons analysé les prévalences de ces consommations sur une cohorte française de 10 066 étudiants. Les niveaux d’usage au cours de la vie en dehors de l’alcool et du tabac, étaient particulièrement élevés (65%) et concernaient en premier lieu le cannabis (57%), le protoxyde d’azote (26%) et les poppers (28%). La consommation de tabac et d’alcool apparaissaient comme des marqueurs potentiels pour identifier les étudiants consommateurs de SPA. Les forts niveaux de consommation du cannabis au cours de l’année (35%) chez les étudiants nous ont conduits à approfondir l’analyse des caractéristiques associées à ces consommateurs. Parmi les consommateurs de cannabis, ceux qui consommaient tous les jours à plusieurs fois par mois constituaient un sous-groupe à risque vis-à-vis de la consommation d’autres SPA, des conduites addictives en particulier avec l’alcool, et des conduites sexuelles à risque. Dans un deuxième temps, nous avons évalué l’impact de la consommation de SPA sur la santé des jeunes adultes par l’analyse des hospitalisations associées. Les conséquences de l'usage dit "social", largement répandu chez les jeunes adultes, a été estimé par l’étude de l'impact de la pandémie de COVID-19, ayant drastiquement limité les opportunités de rassemblement, sur les admissions à l’hôpital général. À l’échelle nationale, près de 4 hospitalisations sur 10 liées à l’usage de SPA chez les jeunes adultes impliqueraient un usage récréatif, la Nouvelle-Aquitaine étant la région la plus concernée. Ainsi les disparités régionales retrouvées nous ont amenés à renouveler ces analyses de façon plus détaillée sur les données des patients hospitalisés au Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux. L’ecstasy et l’alcool étaient les SPA les plus impliquées dans ces hospitalisations. Par ailleurs, si la sortie du confinement était davantage associée aux admissions suite à des rixes et des accidents de la voie publique, la période du confinement était davantage associée aux tentatives de suicide chez des patients ayant des antécédents psychiatriques. La vulnérabilité des individus ayant des troubles psychiatriques vis-à-vis de la consommation de SPA est bien documentée dans la littérature. Nous avons donc analysé les prévalences des consommations de SPA sur une cohorte de 200 patients atteints de troubles bipolaires ou psychotiques. Les profils d’usage étaient plus sévères qu’en population générale, en particulier pour le cannabis avec 67% d’usage quotidien parmi les usagers non expérimentaux. Nous avons donc évalué le risque de réadmission complète en hôpital psychiatrique en fonction de la consommation de cannabis au moment de l’admission, qui s’est avéré plus élevé uniquement les trois mois suivant la sortie d’hospitalisation, avec un risque maximal (RR=2,8 ; IC95% 1,3-5,9) le premier mois suivant la sortie. Cette thèse souligne le rôle problématique du cannabis chez les jeunes adultes, en raison de son niveau d'exposition élevé, en particulier chez les plus vulnérables, ainsi que des risques associés, tels que les accidents de la route, la violence, les comportements sexuels à risque et les conséquences psychiatriques graves. De façon plus générale, les jeunes adultes constituent une population à risque nécessitant un suivi régulier de leurs consommations et de leurs conséquences, qui doit être fondé sur des données scientifiques multi-sources et décliné en région afin de mettre en place des stratégies de prévention adaptées.