Voir et faire voir les graphes de réseaux personnels : questions d’éthique réflexive sur les effets de protocoles de recherche
Résumé
Personal network analysis studies an individual’s social relationships, and increasingly uses the visualization of these networks in fieldwork settings. However, seeing one’s personal network objectified in an image does not leave a person unchanged. Building on two different research protocols, this article discusses some of the reactions induced by the co-construction of the personal network using visualizations and examines the impacts of researcher-respondent interactions on the final results assimilation. The issues at stake are ethical, insofar as they concern the fate of others in the broadest sense, beyond compliance with formal rules. We harness reflexivity as a means of learning from our own research experiences, respectively in the fields of entrepreneurship and mental health. The article thus contributes to a wider debate on research ethics in sociology, which encompasses impacts and which, we believe, requires the active participation of researchers from the field.
L'analyse des réseaux personnels étudie les relations sociales des individus et utilise de plus en plus la visualisation de ces réseaux en situation d'enquête. Cependant, le fait de voir son réseau objectivé dans une image ne laisse pas une personne inchangée. S'appuyant sur deux protocoles de recherche différents, cet article présente quelques réactions que suscite la co-construction du réseau personnel à l'aide de visualisations et examine l'impact de l'interaction entre personnes enquêtrices et enquêtées dans l'appropriation des résultats finaux. Les enjeux sont éthiques, dans la mesure où ils concernent le sort d'autrui au sens large, au-delà du respect des règles formelles. Nous mobilisons la réflexivité comme un moyen d'apprendre de nos propres expériences de recherche dans les domaines de l'entrepreneuriat et de la santé mentale respectivement. L'article contribue ainsi à un débat plus large sur l'éthique de la recherche en sociologie, qui englobe les impacts et qui, nous croyons, nécessite la participation active des chercheurs et chercheuses de terrain